Ce matin se révélait être un matin comme les autres, depuis plus d'une semaine. Et je n'aimais pas trop ce qu'il m'arrivais depuis une semaine. Je me sentais trahie, et je n'avais personne à qui parler puisque la personne qui m'avait trahie était ma meilleure amie. Mon frère semblait se moquer de tout, ce qui me faisait criser, et tous les matins, je lui hurlais dessus comme une demeurée jusqu'à ce que, vraiment trop énervée, je ne claque la porte d'entrée en m'en allant, attrapant les clés de ma voiture, et m'enferme dans l'engin silencieux. Alors j'allumais la radio pour combler le silence, tapant hargneusement contre les gadget qui pendaient en dessous du miroir de courtoisie, parce que c'était Lauralee qui me les avait offert, mais que je ne pouvais pas enlever, sans savoir pourquoi. Au moins, ça me servait à apaiser ma haine envers mon frère. Quelques fois, il m'envoyait un SMS, a la suite de ça, disant qu'il s'excusait, ou ma soeur le faisait, me demandant si j'allais bien, et puis, des fois, rien. Aujourd'hui ma soeur était partie avant l'heure pour rejoindre des amis, me laissant seule avec le bellâtre infâme qu'il était, se satané Dorian. Et puis, en plus, ça faisait un bail que je n'avais pas vu Zachary, la personne qui ne me faisait pas la tête, envers qui je ne ressentais qu'un amour profond, et pas de haine. Bien sûr, personne ne s'en rendait compte, puisqu'on se disputait souvent, et après ça allait mieux, ensuite, ça revenait, etc... En bref, ma vie était fatigante.
Aujourd'hui, il ne faisait pas beau, mais à Londres, c'est habituel. Au moins, il ne pleuvait pas, c'était déjà pas mal, songeai-je avec amertume. Je monta lentement les marches de l'université, vérifiant que Lauralee n'était pas là pour pouvoir la fuir, encore, toujours. Certaines de mes amies vinrent me saluer, mais je n'eus pas le courage de leur sourire, e leur dire que tout allait bien, certaines me demandèrent ce que j'avais, et une insista, et je du lui répondre sèchement, un peu trop, même. Elle en partit vexée, et je soupirai simplement en songeant qu'il faudrait que j'aille m'excuser, mais étant pour l’heure trop agacée pour y aller maintenant. Les autres –celles qui croient me connaître, juste parce qu’elles traînent avec moi depuis un peu plus d’un semaine- me regardèrent bizarrement, de travers, me dévisageant comme si j’étais folle. Eh bien, oui, peut-être que sur l’instant, j’étais devenue complètement folle, à péter les plombs pour un rien. Je poussai un nouveau soupir, marmonnai un « à plus tard » peu convaincant et pris lentement la direction de mon casier. J’y était presque arrivée qu’une surprise m’attendait. C’était lui, celui qui m’avait manqué parce que je ne l’avais pas vu, celui qui faisait bondir mon cœur de joie quand je le voyais. Comme la, la petite horloge dans ma poitrine s’emballa, et j’eu la soudaine envie de lui sauter dans les bras en l’embrassant, ou de me laisser aller contre lui pour lui raconter tout mes malheurs. Mais entre nous, ce n’était pas comme ça, et je savais qu’il ne me rassurerait pas comme une grand-mère si je lui racontait mes malheurs, mais plutôt en me mettant des coups de pieds dans les fesses pour me remotiver. Et puis, on était sans cesse en train de se disputer, à croire qu’on aimait ça. Alors, comme je n’étais pas très bien certaine de comment je devais être avec lui aujourd’hui, j’optai pour la simplicité. Je continuai mon chemin comme si de rien n’était, j’ouvris mon casier et le regardait.
« - salut. »
Je fourrai mes livres inutiles pour le matin dans mon casier, inattentive pour le moment à ce qu’il faisait.